Press
Mental Mutations Exposition du27/08/22 au 24/09/22 à l'Urban Gallery Marseille
​
Le dessin est un savant mélange entre ce qui est de l'ordre du savoir - faire, du regard et de l'intuition de l’artiste. Les oeuvres montrées dans l'exposition Mental Mutations sont nées à partir des réflexions de l'artiste sur ce qui relève de l'observation et ce qui serait une évocation visuelle abstraite du travail mental. La série de dessins au crayon, Toxic a débuté parallèlement à la création de l'exposition Parasite Paradise à l'Abbaye Neumünster au Luxenbourg en 2016 et continue. Cette série évoque à la fois l’idée d’hybridation, de mutation, et celle de parasitage. Des représentations très dessinées de mains viennent croiser et s’entremêler à des plantes et fleurs toxiques qui semblent surgir et croître au détriment de ces bribes humains. Mais peut-être ces mains sont-elles aussi prédatrices pour les fleurs ? Tout dépend du point de vue adopté. L’ambiguïté montrée par le dessin se retrouve dans l’idée de toxicité. Ce qui est toxique est aussi souvent curatif. L’interaction entre la main et le végétal répond en miroir à l’opposition archaïque du bien et du mal et invite à aller au-delà de la représentation et du sensible. L'artiste se sert souvent de la méditation pour guider son trait. La méditation a pris une place centrale dans la vie de Nathalie et elle l'intègre donc naturellement dans son travail. Dans la série des Mentals elle amorce chaque dessin après une méditation. Grace à cette technique elle relie le visible à la pensée, la représentation à l’énergie qui la guide. Ainsi le trait se libère de l’objet et suit la pensée évocatrice. Ces dessins, également réalisés au crayon, s'additionnent de traits et de surfaces exécutés au crayon de couleur. Chaque teinte peut alors donner une indication sur l'humeur générale du dessin et de son exécutante dans sa tentative de mobiliser le mental. La série Antidote pose la question de la matérialité du dessin. Elle introduit de la perturbation, élimine les marges et les bords du dessin, donne du relief en appliquant des découpes, du collage, de la gravure, qui complexifient la recherche de signification. Elle nous suggère qu'au-delà de ce que nous voyons, nous devrions prêter plus d'attention à nos intuitions, à notre vie intérieure et ses mouvements. Nathalie Noé Adam se sert ainsi de questions métaphysiques sur l'existence humaine pour créer des oeuvres qui nous racontent l’interférence entre l’humain, son corps, son mental, et le monde extérieur qui l’englobe.
Piera Safriouine galeriste
Antidote Fiction exposition de groupe dans le cadre de Esch capitale de la culture 2022. Commissariat: Nathalie Noé Adam
​
L’œuvre de Nathalie Noé-Adam se déploie à travers une pluralité de médiums : du dessin à la gravure, en association avec la vidéo et la performance. Sa pratique du dessin et de la vidéo relève d’un même questionnement qui a trait aux mutations du vivant et à la place qu'occupe l'Homme dans le cycle de la vie. En se penchant sur des objets qui peuvent appartenir aux registres de l'infiniment grand ou de l'infiniment petit, elle entraîne le spectateur à observer le monde qui l'entoure à une autre échelle que celle de son propre corps. Ses dessins représentent-ils des vues microscopiques d'organismes vivants ou sont-ils des tapis de poussières cosmiques se répandant dans l'univers après le big-bang ? La cartographie du vivant qu’elle nous propose hésite entre abstraction et hyperréalisme.
Cette incertitude quant à l'échelle et à la nature des objets met en lumière les étranges rapports qui unissent les organismes vivants. C'est notamment la manière dont elle s'empare de la poussière, matériau à la croisée de la science et de la religion, de la poésie et de la géologie, qui montre le mieux dans ses œuvres comment elle met en tension le début et la fin de toute chose dans un cycle dont l'homme n'est que l'un des acteurs.
Sa vidéo "Ode à la boue" s'inscrit dans la continuité de cette réflexion sur la matière organique et le vivant. Elle y pousse ses réflexions à la fois sur la matérialité de la boue et son extrême plasticité, mais aussi sur sa force métaphorique. Matériau phare du modelage inventé par l'homme, mais aussi matière en "constante transformation" dans la nature elle-même sous l'effet de l'eau et du soleil, la boue est aussi présente dans de nombreuses cosmologies. Si dès l’origine, elle peut donner naissance à Adam aussi bien qu'au Golem revêtant ainsi une double symbolique dans les registres du bien et du mal, le changement climatique accentue encore son instabilité et sa dualité. Tout en mettant en scène les moyens par lesquels l’homme interagit avec son milieu : corps, main, outil..., elle replace l’humanité dans un ensemble spatio-temporel plus vaste que celui d’une civilisation, dont elle n’a, dans une autre série, mis en scène que les “restes”, résidus-œuvres passés au filtre de la création artistique.
Diplômée de l’Ecole supérieure d’art et de design de Marseille-Méditerranée et de l’université d’Aix-Marseille, Nathalie Noé-Adam présente fréquemment son travail à l'international, alternant entre les scènes luxembourgeoise, française, allemande et autrichienne. Elle a aussi réalisé des projets en Asie (Chine, Inde) et en Amérique du Sud.
Hélène Doub , responsable du département arts visuels Kulturlx